mercredi 2 janvier 2008

N.S. FERA LE MONDE DE DEMAIN

Interrogations autour des voeux de Sarkozy
LEXPRESS.fr mercredi 2 janvier 2008, mis à jour à 09:03: Héritage gaullien, inclination atlantiste ou "concept fumeux"? La "politique de civilisation" prônée par Nicolas Sarkozy lors de ses voeux télévisés suscite les interprétations les plus diverses.
Et d'appeler à bâtir "l'école et la ville du XXIe siècle", à mettre "au coeur de la politique le souci de l'intégration, de la diversité, de la justice, des droits de l'homme, de l'environnement", à retrouver "le goût de l'aventure et du risque", ou à "moraliser le capitalisme financier". "Notre vieux monde a besoin d'une nouvelle Renaissance", a-t-il dit aussi, souhaitant que la France soit l'"âme de cette Renaissance".

Interview d’ Edgar Morin :

LE MONDE | 02.01.08 | 11h11 • Mis à jour le 02.01.08 | 11h11

En parlant de "politique de civilisation", lors de ses vœux du 31 décembre 2007, Nicolas Sarkozy a repris un concept que vous aviez défendu dans votre livre, Pour une politique de civilisation (éd. Arléa, 2002). Comment réagissez-vous à cette appropriation ?
M. Sarkozy a repris le mot, mais que connaissent-ils de mes thèses, lui ou Henri Guaino ? Est-ce une expression reprise au vol ou une référence à mes idées ? Rien dans le contexte dans lequel il l'emploie ne l'indique.
Lorsque j'ai parlé de "politique de civilisation", je partais du constat que si notre civilisation occidentale avait produit des bienfaits, elle avait aussi généré des maux qui sont de plus en plus importants. Par exemple, le bien-être matériel produit un mal être moral, physique et humain. Ou encore, sur le plan écologique, le développement des sciences et techniques a engendré une dégradation de la biosphère et une pollution que l'on sent sur le plan de la vie quotidienne. Même constat quand on étudie l'urbanisation des mégapoles ou la dévitalisation des campagnes avec l'extension de l'agriculture industrielle. On peut encore illustrer cette thématique avec la notion d'individu, qui est une conquête dans la mesure où elle donne de l'autonomie et l'essence de responsabilité. Mais qui s'est accompagnée d'une dégradation des solidarités précédentes. C'est en fonction de ce diagnostic que je faisais un certain nombre de propositions. Je m'attachais à voir dans quelle mesure on peut remédier à ces maux sans perdre les bienfaits de notre civilisation.
Je me suis essayé, dans l'article "Si j'avais été candidat…" (Le Monde du 25 avril 2007), à faire des propositions concrètes, notamment sur le terrain du rétablissement des solidarités, de la création de maisons de solidarité ou d'un service civil ad hoc.
Je ne peux exclure que M. Sarkozy réoriente sa politique dans ce sens, mais il ne l'a pas montré jusqu'à présent et n'en donne aucun signe. Si sa reprise du thème de la "politique de civilisation" pouvait éveiller l'intérêt, notamment de la gauche, non pour l'expression mais pour le fond, ce ne serait que souhaitable.

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