mercredi 10 mars 2010

Suivisme

Heureusement que des individus refusent la pensée unique!

Jacques Brel a honni "Les Moutons"

Désolé, bergère
J'aime pas les moutons
Qu'ils soient pure laine
Ou en chapeau melon
Qu'ils broutent leur colline
Qu'ils broutent le béton
Menés par quelques chiens
Et par quelques bâtons
Désolé, bergère
J'aime pas les moutons

Désolé, bergère,
J'aime pas les agneaux
Qui arrondissent le dos
De troupeau en troupeau
De troupeau en étable
Et d'étable en bureau
J'aime encore mieux les loups
J'aime mieux les moineaux
Désolé, bergère
J'aime pas les agneaux

Désolé, bergère,
J'aime pas les brebis
Ça arrive tout tordues
Et ça dit déjà oui
Ça se retrouve tondues
Et ça vous redit oui
Ça se balance en boucherie
Et ça re-redit oui
Désolé, bergère
J'aime pas les brebis

Désolé, bergère
J'aime pas les troupeaux
Qui ne voient pas plus loin
Que le bout de leur coteau
Qui avancent en reculant
Qui se noient dans un verre d'eau bénite
Et dès que le vent se lève
Montrent le bas de leur dos
Désolé, bergère
J'aime pas les troupeaux

Désolé, bergère
J'aime pas les bergers
Désolé, bergère
J'aime pas les bergers
Il pleut, il pleut, bergère
Prends garde à te garder
Prends garde à te garder, bergère
Un jour tu vas bêler
Désolé, bergère
J'aime pas les bergers

et l'ami Georges (Brassens) ne pense pas autrement dans "La mauvaise réputation" :

Au village, sans prétention,
J'ai mauvaise réputation.
Qu'je m'démène ou qu'je reste coi
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi!
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n'écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.

Quand j'croise un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
J'lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s'retrouv' par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En laissant courir les voleurs de pommes.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde se rue sur moi,
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Pas besoin d'être Jérémie,
Pour d'viner l'sort qui m'est promis,
S'ils trouv'nt une corde à leur goût,
Ils me la passeront au cou,
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome,
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout l'mond' viendra me voir pendu,
Sauf les aveugles, bien entendu.

Et puis il y a Léo Ferré, le mec, l'anar, le révolté, l'anti qui marche à côté de la Société:

La vie m'a doublé
C'est pas régulier
Pour un pauv' lézard
Qui vit par hasard
Dans la société
Mais la société
Faut pas s'en mêler
J'suis un type à part
Un' grain' d'ananar
On m'dit qu'j'ai poussé
En d'ssous d'un gibet
Où mon grand-papa
Balançait déjà
Avec un collier
Un collier tressé
De chanvre il était
Un foutu foulard
A gueul' d'ananar
J'avais des copains
Qui mangeaient mon pain
Car le pain c'est fait
Pour êtr' partagé
Dans notr' société
C'est pas moi qui l'dis
Mais c'est Jésus-Christ
Un foutu bavard
A gueul' d'ananar
Si j'avais des sous
On m'd'manderait: "" Où
Les as-tu gagnés
Sans avoir trimé
Pour la société ? "
Mais comm' j'en ai pas
Faut lui dir' pourquoi
C'est jamais peinard
La grain' d'ananar
On m'dit qu'c'est fini
J'vous l'dit comme on l'dit
Et qu'on me pendra
Au nom de la loi
Et d'la société
D'la bell' société
Qui s'met à s'mêler
De mettre au rancart
La grain' d'ananar
Potence d'oubli
L'oiseau fait son nid
Messieurs les corbeaux
Passeront ma peau
Comme à l'étamis
Mais auparavant
J'aurai comm' le vent
Semé quelque part
Ma grain' d'ananar

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