lundi 28 juillet 2008

Gouvernance

Pierre-Marc de Blasi, présente une chronique sur France Culture, dans la cadre des "Matins d'été".
Ce 27/07/2008, il décortique le mot "gouvernance" et son usage.
http://media2.radiofrance-podcast.net/podcast/10392-28.07.2008-ITEMA_20136364-0.mp3

En voici un résumé.
Pour lui, ce mot est apparu en 2002 et est devenu une sorte de leitmotiv de la droite. Raffarin lui a consacré un livre: "Pour une bonne gouvernance". Chevènement a demandé de différencier ceux qui veulent gouverner de ceux qui veulent "gouvernancer".
C'est un mot fourre-tout qui remplace une bonne dizaine d'autres mots comme: souveraineté, gouvernement, république, autorité de l'État, démocratie parlementaire, pouvoir exécutif...
Ce mot est féminin pour que le sommet de l'État qui ne déteste pas son ascendance mâle puisse justifier une tutelle placentaire de type "big mother" et offrir un État maternel à la puissance douce, favorable à notre bien-être.
Ce mot a servi aux pays du Nord pour dire aux pays du Sud les conditions à mettre en place afin de bénéficier des aides des pays riches: suivre le modèle des pays donateurs (faire un maximum de bénéfices dans une économie de marché libérée de l'emprise de l'État).
Puis, par une sorte de tour de passe-passe, s'est effectué un recyclage du mot depuis les pays africains vers les pays riches, de l'Union Européenne et en particulier en France. Gouvernance mettant en avant le principe de privatisation généralisée des entreprises de service public.
Ici, comme en Afrique, une bonne gouvernance c'est la rationalisation et la modernisation; une injonction à faire entrer l'esprit de service public c'est à dire la libre concurrence et la loi du marché dans l'espace de l'État et des administrations publiques: transport, énergie, télécommunication, information, université, recherche, santé, sécurité... tout cela marcherait tellement mieux sous une gouvernance privée.
Aujourd'hui, ce mot est utilisé comme anesthésiant pour opérer un désengagement de l'État. C'est un soporifique pour changer le modèle d'autorité. Plutôt que la République, pourquoi pas l'entreprise, la banque, la loi du marché pourvu que cette puissance soit douce et favorable à notre destin de consommateur.
Le véritable but de la gouvernance est de liquider le "Politique" au profit du "Profit".

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