mardi 23 juin 2009

Regards d'artistes sur leurs compatriotes autrichiens.


Thomas Bernhard, dans le journal Demokratischen Volksblatt,en 1952, a attaqué vigoureusement l'hypocrisie typique de la ville de Salzbourg qu'il voit comme une prison fondée sur la religion et le refus d'abandonner les valeurs national-socialistes. Il fait évidemment scandale.
En 1968, à la réception d'un prix de littérature attribué par l'État autrichien le ministre de l'Éducation et tous les responsables quittent la salle lorsque Thomas Bernhard attaque frontalement l'État, la culture autrichienne et les Autrichiens. Il dit notamment: "Nous Autrichiens sommes apathiques; nous sommes la vie en tant que désintérêt général pour la vie."
Mais c’est avec « Heldenplatz » (la place des héros), que Thomas Bernhard s'attire le plus d'ennuis. Pour les 50 ans de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, la pièce attaque l'hypocrisie autrichienne. La « place des héros », au centre de Vienne, a été le lieu d'un discours de Hitler qui fut acclamé par une énorme foule. Thomas Bernhard considère que les Autrichiens n'ont pas changé et l'œuvre décrit la souffrance de Juifs vivant dans la hantise de ces clameurs, cinquante années après.
On peut ainsi entendre dans la pièce: « Il y a aujourd'hui plus de nazis à Vienne qu'en 1938 ».
Dans « Extinction », on peut lire :« Où que nous allions dans cette Autriche d’aujourd’hui, nous entrons dans le mensonge, où que nous regardions dans cette Autriche d’aujourd’hui, notre regard plonge dans l’hypocrisie […]. Au fond, ce pays ridicule et cet Etat ridicule ne valent pas la peine qu’on en parle […]. Mais malheur à celui qui n’est pas aveugle dans ce pays […] et pas sourd, et n’a pas perdu l’esprit! Etre Autrichien aujourd’hui est une peine capitale et tous les Autrichiens sont condamnés à cette peine capitale […]. »

Jamais un si petit pays n'a donné jour à autant d'artistes labourant le même terreau, déjà sillonné dans les grands axes par Musil ou les actionnistes, par Schiele ou même Freud dans son genre : celui d'un certain « refoulement social » . L'Autriche, donc, pays de refoulés ? Les plus intéressants des créateurs nourris à sa mamelle en sont persuadés.

Bernhard, Bachmann, Lavant, Murnberger, Albert, Handke… tous ceux qui comptent après la Seconde Guerre mondiale ont présenté les Autrichiens comme des « faussaires » de leur propre identité.
Les artistes, les créateurs se sauvent de ce territoire au décor en carton pâte.

Les élections européennes de juin 2009 ont montré le retour sur la scène publique autrichienne des nationalismes extrêmes.
En Autriche, le score cumulé des partis d'extrême-droite atteint le chiffre hallucinant de 38%.

La photo des saluts hitlériens pendant un meeting du FPÖ, le 26 mai 2009 à Graz…est extraite de l'article: http://derstandard.at/?url=/?id=1242316722006

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